« Le plaisir de faire rire et d’en rire
Comment décrire cette sensation extraordinaire de bonheur la première fois que l’on entend fuser les rires que l’on a provoqués par notre jeu d’humoriste ? »
Ce qui m’intéresse dans l’utilisation de l’humour et des sketches dans les cours de théâtre ce n’est pas que ce soit drôle à tous prix, mais c’est la possibilité d’utiliser l’espace, de développer la présence sur scène et la créativité.
Je garde le souvenir d’un élève roumain qui était déçu de ne pas faire rire, mais qui, pour moi, avait une présence sur scène extraordinaire. J’ai d’autres souvenirs d’élèves qui semblaient discrets et qui se sont littéralement révélés sur scène, par une présence ou un jeu intéressant, faisant de vraies propositions de jeu d’acteur.
De plus, je constate que l’humour a des effets thérapeutiques : on a l’occasion de raconter, de se libérer, d’évacuer tout en faisant rire.
Je me souviens d’une élève qui me parlait de soucis avec ses voisins très proches de sa famille, autrefois. Je lui ai suggéré de faire son sketch personnel, dans le style « stand up » sur ses voisins. Le but n’étant pas de respecter la stricte réalité mais de déformer, d’agrandir, d’extrapoler, de fantasmer.
Une semaine après avoir présenté son stand up et s’être laissé emmener dans des extrapolations, elle m’a dit que ses relations avec ses voisins s’étaient tout à coup améliorées, ce qui ne m’étonne pas. En effet, le fait de lâcher prise, de voir la situation sous un autre angle a probablement changé sa propre attitude.
La difficulté pour les élèves, lorsqu’ils écrivent leur premier sketch, c’est d’oser s’écarter de la réalité des faits, comme s’ils voulaient à tout prix la respecter. Or ce n’est que quand ils acceptent de prendre du large, d'exagérer, de déformer, qu’ils commencent à être drôles et à libérer leur créativité.